Quel beau papillon ! s’ émerveillait le gentil rêveur
Qui n’en avait jamais vu paré d’aussi belles couleurs.
Quand il l’avait rencontré, écouté ses malheurs,
Il avait de la peine, au coin des yeux des pleurs
Et des aiguilles dans le cœur, cruels collectionneurs !
Il lui montra ses blessures, de tous les jeunes frimeurs
Qui l’avaient épinglé, ignorant sa fraîcheur.
Chaque jour qui passait, il découvrait son cœur,
Alors il le soignait, l’entourait de douceur.
Puis en quête du souvenir d’un parfum enchanteur,
Le papillon guéri voletait vers quelque fleur
Qui rapidement flétrie, perdait toute saveur.
Il ne savait comment le protéger du malheur
Sans l’empêcher de voler, qu’à chaque printemps il pleure.
Il ne pouvait se résoudre à lui planter dans le coeur
Une nouvelle aiguille, même pour faire son bonheur.
Alors il l’admirait, passant vers lui des heures,
S’apercevant un jour que cet Ami, le comblait de douceur,
Et que le laisser libre, c’était à tout deux leur bonheur,
Car le papillon, comme lui le gentil rêveur
Vivait du souvenir d’un amour enchanteur…